“ L'art est une blessure qui devient lumière. ”
Everyone has their own little monster to feed.
L'injustice pour régente. La justice comme hétaïre.
Pion sur l'échiquier de la vie. Marionnette sans ficelles.
DATE23 Juillet 2040
HEURE07 h 03:15
Battements de paupières, le temps d'un instant, 150 millisecondes exactement. L'impression d'être cloitré, paroi de verre au halo bleuté.
Nouveau battement. Les lignes de code défilent alors à son HUD. Pantin s'anime, avise son environnement pour la première fois.
Nouveau battement. Murs immaculés, lumineux au point qu'un contrôle de contraste s'opère, abaisse fine pellicule sur les caméras optiques à présent fixées sur un faciès inconnu.
- LB 500, tu es prié de rejoindre la zone 24, section arboricole. Prise de post immédiate. Ton mécanique, humanité factice, échange entre machines. Cerclage lumière oscille à sa tempe, bleu clignote à trois reprises. Consignes acquises, carcasse ce meut avec assurance. Simplicité et automatismes, le “nouveau-né” quitte la salle où il venait de prendre vie.
Porte franchie, paysage futuriste aux allures bucoliques. Verdures côtoient gratte-ciels dans un ballet de couleurs pastels. Le soleil touche la cimes des antennes, il est tôt. L'androïde s'active comme beaucoup d'autres de ses congénères. Vérification des connectiques aquatiques, le système d'arrosage doit être parfait, imperméable. Puissante pogne saisie une valve à porter, l'active ; l'eau vient à jaillir, salves fraîche et cristalline. Compte à rebours s'affiche dans un coin de son interface interne,
00:02:15. Temps nécessaire à la bonne hydratation des plantes, plant de tomate et autres légumes de sol. Affichage à zéro, il coupe l'eau de la même poigne que précédemment. Carcasse s'éloigne à nouveau, rejoint chariot motorisé munie de cagettes vides. Les mirettes noisettes parcourent les pommes rougeoyantes, scanne ces dernières, s'arrêtant sur les mûrs qu'il recueille et dispose dans les contenants vides. Faciès aperçus à son activation, il écoute.
- LB 500, rends-toi aux champs agricoles. L'autre hoche, délègue sa tâche à un autre pantin pour s'éloigner vers les champs de maïs.
Faciès pivote vers l'horizon, avise une fois de plus cet étrange contraste entre verdure et béton. LED clignote une fois de plus, tourne en douceur pour se fixer à nouveau à ce bleu si tranquille. Les humains ne sont guères présents, ici ; automatisme dans tous les coins, des véhicules à la main d'œuvre. Poupées mécaniques agissant sous le joug de consignes précises. Il n'y a que le rendement, la perfection dans chaque tâches et accomplissement.
Journée touche à sa fin, chaque automates est renvoyés à son box ; stockage simple pour des ouvriers automatisés.
DATE24 Juillet 2040
HEURE07 h 30:00
Nouvelle journée, nouvelles consignes. L'androïde traverse d'un pas décidé la pommeraie, s'arrête le temps d'un instant, battement d'aile non loin de ses tympans. Une colombe est passée, à présent perchée sur une branche à le contempler. L'échange est simple, silencieux. L'homme de plastique et métal penche de quelques degrés la tête sur le côté, risette étirant ses commissures à présent.
Clignotement,
clignotement,
clignotement. Oiseau s'envole, rêveries et pensées effacées. Il s'active de nouveau, reprenant sa marche au travers des arbres, rayons solaire jouant dans les mèches grisonnante de sa chevelure. Reprise des activités habituelles, arroser, ramasser ; planter de jeunes pousses avec délicatesse. Si les phalanges peuvent tordre le métal, elles savent aussi se montrer délicates, bienveillantes ; peut-être même bien plus qu'un humain. Pulpes dénuées d'empreintes digitales effleurent les feuilles en douceur, souhait de la voir grandir.
Présence non autorisée en zone B.
Veuillez évacuer la zone.
Haut-parleurs crachent ces deux phrases à intervalle régulier, voix féminine, robotique. Automates délaissent leurs tâches pour rejoindre la zone de regroupement en cas d'incidents. Vingtaines d'androïdes qui s'amassent là, attendent la levée d'alerte pour reprendre le travail. Chaque minutes passées est une perte de temps significative pour la production.
Il suit la foule sans un mot et de tous, il est l'unique pantin à tourner la tête vers les champs de blés dorés.
Battement de paupières, les caméras optiques fixent un point, une silhouette.
Nouveau battement, zoom s'effectue. Un humain. Être de chair et de sang semblant dans un état second. L'androïde reprend sa marche, non concerné par cet étrange spectacle ; les véhicules automatisés sont pourvu de détecteur et caméras à la pointe de la technologie. Ils sauront le repérer à temps. Nouveau regard vers l'étrange scène, machine continuant son avancée sans changer d'itinéraire ou ne serais ce que ralentir, voir s'arrêter. L'androïde ce stop, un message d'erreur prenant place sur son interface.
Rejoindre le point de rassemblement. L'humain devrait s'en sortir, le véhicule agricole devrait s'arrêter.
Rejoindre le point de rassemblement. Un pas qu'il fait en direction des champs, HUD sature, affiche mur sombre remplis de ligne de code rougeoyantes ainsi que l'ordre principal de sa liste de tâche.
REJOINDRE LE POINT DE RASSEMBLEMENT. L'androïde est immobile bien qu'un son mécanique semble se faire entendre, processeur et autres cartes sifflantes, blocage.
Pensées pour le moins irrationnelles l'envahissent.
Et si le véhicule était défaillant ? Et si l'état second de cet humain l'empêchait d'agir ? Nouveau pas en direction des champs, fissures lacèrent le mur sombre de son interface ; ventilateurs internes se mettent en branles.
̶R̶Ǝ̶J̶O̶I̷N̷ꓷ̷RE LƎ P̶O̶I̶N͇T͇ DƎ R̶Ɐ̶S̶S̶Ǝ̶M̷B̷L̷ƎM̶E̶N̶T̶
Nouveau pas, mur vol en éclat. L'étrange impression d'avoir un poids en moins sur les épaules, de voir pour la première fois. C'est beau, colorés, vivant. Attention revenant à l'humain hagard, ses programmes calculs en quelques secondes le temps dont il dispose -basé sur sa conception, ses compétences- pour intervenir. Il s'élance alors au travers du champ de blés, atteint l'humain à la volé pour le pousser hors de danger. Machine le happe, dents d'acier le déchiquète, jusqu'à finalement s'arrêter, engin non prévu pour réduire en miette un androïde.
Clignotement,
Clignotement,
clignotement, extinction.
DATE01 Juillet 2045
HEURE07 h 22:06
Éclats mémoire d'un passé qui lui semble étrange, incertain. Logan -c'est ainsi qu'il s'est prénommé- observe les rues grouillantes de monde ; humains, androïdes. Il y a des échos de son accident qui lui reviennent en mémoire, raisons de son action demeurant obscures. Physique plastique qui d'ordinaire est maculé et camouflé sous la peau synthétique lui rappel à moitié son geste. Fêlures ça et là, laissant deviner son manque d'humanité ; la peau de synthèse n'arrivant plus à couvrir cela, système en partie endommagé.
Qui l'a réparé ? Il ne s'en souvient malheureusement pas. Encore quelque chose de brisé, perdu dans les méandres de son cerveau positronique endommagé. Car si l'aspect reste correct, il y a des fantômes dans la machine qui demeurent.
Behind the picture.