Oops

Feat. @Mogens Indigo

L’heure avait passée si vite, Sixtine ne s’était rendue compte qu’elle allait être en retard, que son absence serait fatalement remarquée à l’heure où toutes les poupées mécaniques comme de chairs se réunissaient pour s’apprêter une dernière fois avant le lever de rideau ou plutôt l’ouverture des porte  de l’Eden Club. Elle pressa le pas pour regagner le club. Parvenue devant la fenêtre d’où elle avait sauté, elle réalisa qu’il serait plus difficile d’y grimper. Il lui fallut sauter, tenter de trouver des prises sur le mur avant de finalement remarquer qu’une lucarne était ouverte à sa hauteur. Elle n’attendit pas plus longtemps, ne voulant courir le risque d’être prise sur le fait, et grimpa par la lucarne, ne réalisant qu’une fois à l’intérieur que c’était les toilettes. Par chance pour elle, celles des employés humains et non celles des clients ! Elle sursauta en entendant la chasse d’eau tirée dans l’une des cabines et se précipita au dehors pour tomber sur le couloir. Elle vit une silhouette au bout et se précipita à la première porte qu’elle vit devant elle, par chance, un placard. Elle entendit un bruit, effrayée elle sursauta avant de se prendre les balais rangés là sur la tête. Elle parvint à retenir un hurlement. Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Pourquoi était-elle aussi effrayée ? Les machines ne sont pas sensé ressentir des émotions, ne sont pas sensé perdre aussi facilement leur sang froid. Elle demeura plantée là un moment, ressassant les émotions l’ayant traversé depuis qu’elle s’était échappée, le simple fait d’avoir essayé de s’échapper n’était pas normal, ne lui ressemblait pas. « Qu’est-ce qu’il m’arrive ? » Se demanda-t-elle en réalisant qu’elle l’avait dit à haute voix. Seuls les humains faisaient ça, de parler à haute voix et ce n’était jamais un bon signe… Elle essaya de rassembler ses pensées. Cela faisait bien trop longtemps qu’elle était absente, elle n’allait pas rester encore dans ce placard. Elle finit par en sortir, essayant d’être discrète, tout en regardant autour d’elle. Mais à peine eut-elle esquissé un pas de plus, elle entendit le grincement du plancher et se tourna pour voir son patron devant elle. Soudainement, elle se sentie minuscule. Pourquoi se sentait-elle ainsi ? Pourquoi avait-elle aussi peur ? Son corps de robot réagissait même bizarrement, ce n’était pas juste son esprit, elle sentait de la moiteur au coeur de ses mains. Elle n’aimait pas cela, toutes ces émotions, ces réactions étranges de son corps, elle n’aimait pas la perte de contrôle qui allait avec. Elle était supposée être une création parfaite.

Mogens & Sixtine

Tu aurais dû la surveiller plus. Peut-être même utiliser cette vieille machine faite pour effacer les mémoires des androïdes. Tu aurais dû faire plus après son attaque. Après tout, c'est comme ça que la plupart des androïdes changent: Sous de grand choc émotionnel. Mais c'est ta faute et uniquement la tienne. Tu ne peux pas en vouloir à personne d'autre que toi.

Tu étais simplement incertain au début. Tu pensais que l'accident était simplement ça. Un accident. Rien de plus terrible que quelques blessures superficielles. Sauf qu'aujourd'hui t'a prouvé le contraire lorsque tu as remarqué son absence. Une colère sourde monte en toi à mesure que tu cherches pour sa présence dans le club avant de bien comprendre qu'elle n'y est pas. Et plus le temps passe, plus ta colère monte et monte. Tes employés peuvent la sentir et font tout pour rester en dehors de ton chemin. La chance te souris enfin pourtant.

Alors que tu te promenais dans les couloirs, ennuyé par cette situation, tu vois la cause de ton agitation. Tu t'en approche silencieusement, le regard noir, mais le visage neutre. Elle se retourne et te voit enfin. Ton processeur lit les signes sur son corps. Ses réactions, sa pompe qui est trop rapide, sa température trop haute. Elle a peur de toi? Ah. Elle fait bien oui. Tu passes doucement une main sur sa joue, laissant un petit sourire se dessiner sur tes lèvres.

-Ah. Te voilà enfin, Sixtine. On t'a cherché partout tu sais? On était...très inquiet.

Ta main descend lentement sur son menton alors que tu la toises et l'analyse de toute part. Si elle est allé se faire briser encore...

-Tu me déçois. Réellement. Après tout ce que j'ai fait pour toi... toi tu me mens et tu me fuis et tu caches des choses. Pourquoi fais-tu ça, Sixtine? Hm? Tu resserres ta prise sur elle, ne voulant pas la détruire, mais la rendre la plus inconfortable possible. Peut-être devrais-tu la détruire après tout ça... Tu fais surchauffer mon processeur avec toute cette histoire. Et je n'apprécie pas ça. Que devrais-je faire de toi...? Hm? Que vais-je faire de toi...

Oops

Feat. @Mogens Indigo

Pourquoi ce coeur mécanique battait si vite ? Pourquoi éprouvait-elle un tourbillon d’émotions, pourquoi cette peur qui s’insinuait dans la moindre de ses pensées ? Pourquoi ce tremblement de tout son être alors qu’il s’approchait, posait ses yeux si clairs sur elle et enfin, cette main qui pourrait la tuer sur sa joue ? Elle était une machine, logique, capable de penser, de réfléchir sans s’émouvoir, un produit et un produit très luxueux que son propriétaire ne jetterait pas sans raison. Alors pourquoi lui donnerait-elle une raison de la jeter ? Plus encore, elle se demandait ce que lui éprouvait, il paraissait toujours froid, pourtant, il en était un non ? Un déviant… Un frisson la glaçait rien qu’à cette pensée. Qu’avait-il fait pu s’élever au-dessus des siens ? Pour posséder ce que peu d’entre eux possèdent ?

Cette voix suave, et ce ton implicite. Les androïdes ne faisaient pas de second degré, ne faisaient pas de plaisanteries, ils riaient mécaniquement aux blagues des humains, parce que leur programme le leur demandait, mais c’est tout. Les sarcasmes et l’humour leur étaient inaccessible sauf programme désiré. Pourtant, ce qu’elle entendait, il y avait de l’implicite, un sous-texte qu’elle peinait à analyser avec la peur qui reflue en elle et paralysait la moindre de ses pensées, ralentissant considérablement son système. Elle n’osait même pas le regarder, de peur de se trahir. Pourtant, ces diodes qu’elle tentait de cacher d’un mouvement de tête, en faisant tomber ses cheveux devant, la trahissaient bien plus qu’un regard de métal.

« Je ne me cache pas… je suis en retard. » Elle baissa la tête, elle savait parfaitement l’attitude qu’on attendait-elle, elle avait été programmée pour plaire, son système y tendait, à plaire. Même si, depuis l’accident, il lui arrivait d’avoir envie du contraire. « Je… je sais pas pourquoi, parfois mes pensées s’embrouillent… je… » Devait-elle avouer que l’accident était en cause ? « C’est peut-être la dernière mise à jour qui s’est mal faite. » Non, mieux valait garder pour elle les troubles qui avaient naquis en elle depuis l’incident. Elle préférait que personne ne trifouille sa tête. Même si l’idée de tout oublier était séduisante, elle savait que ça reviendrait à l’effacer. Le peu de personnalité qu’elle possédait, elle y tenait, bizarrement.