Gamine intrépide de Detroit, Anaya Marie Thorne est née au sein d’une famille populaire déjà sur la rupture, quelques minutes avant son jumeau (c’est totalement faux). Pas d’argent, pas d’études. Ana a bien comprit le système et n’a pas cherché à vraiment en sortir à proprement parler, faisant son travail et commençant à vivre après ce dernier. Nettoyer la merde des autres n’est pas réellement un mal, quand on peut jouer la star en dehors de ses heures. Guidée par ce je ne sais quoi, elle ne lâche toujours pas l’affaire ce malgré des années à tenter de percer dans le domaine : et c’est pas qu’elle chante mal, vraiment, mais comme d’autres domaines, c’est beaucoup trop sélect et Anaya n’est tristement pas le genre de personne à se vendre un bout de rein ou d’autre chose pour parvenir à ses fins.

Son rapport aux androïdes est tout à fait sain, puisqu’elle les perçoit comme des équivalences (quasiment plus sûres que les humains, c’est dire). C’est pour cette raison que malgré le fait d’avoir trimé pour trouver des postes stables qui n’étaient pas occupés par ces derniers, elle a conscience que c’est la faute de la société, et de ce qu’on veut bien faire endurer aux androïdes. Ana, elle, a choisi délibérément cette vie, et c’est pas nécessairement le cas de certains androïdes, à vrai dire. Alors on pourrait dire qu’elle est un brin plus légitime, non ?

Pas franchement le sou, donc ; elle vit avec Ike parce qu’elle préfère le faire chier lui que d’avoir d’autres gens dans son espace de vie. Bien qu’elle n’en fasse pas l’étalage, Anaya aime profondément son frère et ferait n’importe quoi pour lui - sauf peut-être vendre son sac de contrebande Prada, parce que même si c’est pas tout à fait un vrai, il a quand même coûté trois salaires.

Propre sur elle, peut-être même trop pour certains qui auraient préféré la voir plus simple au vu de son activité principale, Anaya se fiche bien de ce qu’on pourrait encore penser d’elle, une dizaine d’années plus tard, à faire ce même boulot ingrat. Bonne chanteuse et danseuse, bonne MJ aux tables DnD en réalité augmentée (ou pas), elle ne sait toutefois pas très bien conduire, et passe son temps dans les transports en commun pour y palier (ou soudoyer quelques individus, pour faire taxi). Ca la prépare au jour où elle aura un chauffeur privé pour ses concerts et interviews, dit-elle.  

Depuis qu’elle a trouvé son dernier taf, au Android Hell Blues, y’a pourtant un léger truc qui la chiffonne. Si elle n’est qu’un bibelot dans le décor - ça, ça changera jamais - y’a quand même au fond d’elle quelque chose qui pointe. Merle, la gérante du bar. Une androïde, qui plus est. A croire que le destin est traître, quand y’a encore un peu de la place pour les humaines comme elle, à des places qu’on ne leur réserve plus depuis un moment. Anaya passe son temps à l’observer, à se faire des films, à se demander pourquoi il a fallu tomber amoureuse d’une personne qui ne la calcule même pas. Franchement, plus que jamais, ça la ferait vraiment chier d’être virée de là ; parce qu’au delà de tout ça, Ana est quand même sur un petit nuage, et malgré la frustration de n’être rien, elle rêve un peu plus chaque jour et ça lui fait du bien.