Un regard sur l'heure.
Un autre sur la devanture du bar.

La ferraille hésite un bref instant, juste parce que la journée a été longue et qu'il n'a fait que l'étirer, en proposant une heure aussi tardive. Roland rirait bien, s'il savait ; lui demanderait qui est le rencard et Ethan grognerait sur lui - preuve en est, si besoin était encore, que ces protocoles internes sont depuis un moment déjà changés. Mais il n'est pas, plus, question de lui pour l'heure ; juste de ce Harlan dont Ethan ne garde aucun souvenir (pour cause) et qui s'est alors persuadé, d'avec un raccourci facile et sans doute rassurant aussi, que c'est parce qu'il s'agit d'un autre androïde.

Eux, il n'est pas rare qu'on leur souhaite bien du mal.
Ne pas y songer.

Pas l'heure pour s'injecter de la haine dans la cervelle ; la colère est déjà sa plus fidèle amante, à longueur de temps. Peut-être pour ça, l'hésitation, la fatigue, le fait qu'il pousse si lentement cette porte. Pogne étalée en long et en large, qui ne laisse aucune empreinte pourtant. Et si déjà il entendait la musique et le brouhaha des discussions dehors, ça lui saute à la tronche à présent - isolation des sons. Le regard court sur les présents, cherche la tête brune de la photo.

Et quand il la trouve, Ethan se dit qu'au moins il est ponctuel.

S'avance alors pour aller à sa rencontre et vient à poser ses deux bras sur le comptoir, ses mains venant se lier entre elles, pour reposer un peu la carcasse. Tête qui se tourne, se confronte à sa rencontre du jour. "Harlan." Salutations sobres au possible, parce qu'après tout... Et bien, il le connaît pas ; a pas spécialement envie de se montrer chaleureux encore.


@Harlan Moore

Y'a une certaine tension dans l'air qui s'installe, bien lointaine de celle de la veille. Un truc qui semble indiquer qu'un truc ne va pas... Et Harlan donne bien assez vite la raison à tout ça ; parce que celui qu'il décrit, c'est Roland. Au moins, ça donne du sens au pourquoi Ethan arrivait pas à se souvenir de l'autre. "Ah." Au moins, ils sont deux à se dire que l'autre correspond pas aux souvenirs - mais Ethan pouvait déjà l'affirmer dès la veille, avec la photo.

Mais faut avouer que l'autre le fait se marrer un peu. C'est cynique, même pas tant rassurant en vérité - mais Ethan a jamais été créé pour ça, après tout. "Tu pars vite en besogne." L'androïde décide de pivoter un peu, de faire un peu plus front à celui qui en attendait un autre - c'était pour Roland finalement, les remerciements. Un coude toujours appuyé sur le comptoir, l'autre à présent dans le vide, les doigts toujours liés entre eux ; Ethan avise le pauvre gars qui se croit pris dans un piège. "C'était donc pour ça que ta tronche me disait rien non plus." Au moins, Ethan n'avait pas négligé à ce point ces pairs...

Quoique.
Rien n'est moins sûr.

Finalement, il hausse les épaules. "Ca devait être mon collègue qui t'as sauvé les miches." Façon, s'il avait leur numéro, c'était même certain - bien quinze ou vingt ans que Roland a le même. "On partage le numéro. Comme ça, si y'a des urgences, bah y'a toujours quelqu'un pour répondre." Explication simple, concise. Qui évite, aussi, de dire que Roland est dans le mal - sait-on jamais, faudrait pas que les gens enquêtent de trop aussi.

Ethan est censé être détruit, après tout.

L'observe encore, le pauvre gars qui pensait être kidnappé du coup - pas ce soir, en tout cas. "Désolé pour toi que ce soit pas l'bon pour l'rencard." Et se marre encore, quittant finalement sa position pour se remettre face au comptoir et, surtout, tirer une chaise de bar et s'asseoir.

Après tout, il a fait la route, il va pas repartir sans un verre !

Une information lâchée ; et Ethan met quelques secondes à l'analyser, avant de lâcher un "t'es croque-mort ?" sans vraiment chercher à y mettre la moindre forme. C'est qu'il a jamais su comprendre si c'était important ou non chez les humains, comme sujet. Tabou, ouais... Mais pour le reste ? Puis l'est occupé à virer le malentendu, parce qu'il a pas prévu de kidnapper qui que ce soit pour ce soir - pas un chasseur de prime après tout - et pense plus déjà à s'installer de son côté, parce que hors de question de repartir.

Mais avant tout, il acquiesce à l'égard de l'autre. "J'lui transmets le message dès que je le vois." Même s'il évitera sans doute les détails, parce que ça donnerait trop d'occasion à Roland de rire et puis merde, la flemme en fait !

Plutôt lui qui se marre, à vanner l'autre sur le fait que son rencard soit tombé à l'eau ; s'installe dans le même temps, carcasse fatiguée par la journée et qui cracherait pas sur un peu de thirium pour se remettre un bref coup de boost avant de repartir - avec de la chance, ça sera juste pour "se coucher" plutôt que de repartir en vadrouille suite à un message. Pogne dans le dos qui tapote l'épaule ; et qui gêne pas plus que ça l'androïde, parce qu'il a eu cette chance de pas être sensible à ce genre de trucs - quand on essaye de lui en coller une, on y met pas de délicatesse. "J'promets rien, sur ça." L'a toujours eu une présence un brin étouffante - faute à la carrure, à sa tronche, son humour fracassant.

Et, vraiment, mettre à l'aise était pas dans ses fonctions de base !

Mais avec un verre en main, il devrait savoir se montrer civilisé - juste assez pour que l'ancien protégé de Roland n'ait pas envie de rentrer chez lui en pleurant. "Bière, avec son bonus comme d'hab' aussi." Un peu comme un nom de code pour dire supplément thirium - parce que sans LED, ça pourrait être chaud de dire à haute voix la teneur du bonus. Du moins, de son point de vue à lui, parce qu'il  a pas envie d'attirer l'attention sur ce point précis ; le reste, ça va.

Finalement ses pognes s'écrasent à nouveau l'une et l'autre, en fonction de son humeur, avant qu'il en revienne au rencard raté de Roland. "Alors, t'avais contacté réellement le vieux juste pour le remercier ?" Ouais, le vieux ; ça sonne outrancier et affectueux à la fois, parce que ce sont les deux en même temps - sait que ça agace Roland quand il dit ça. Mais est-ce bien sa faute si l'autre a dépassé la soixantaine ?! Fallait qu'à pas être humain ! Vraiment quelle connerie. "C'était quoi l'embrouille dont il t'avait sorti, du coup ?" Un peu curieux, faut bien le reconnaître.

C'est vraiment étrange comme, depuis quelques mois, il prend conscience du temps passé. Et parfois, ça lui fout le vertige de se dire que ça ne fait que cinq ans, pour lui, quand Roland a eu toute une vie avant son apparition.

S'est installé à ses côtés ; commande son verre, semble prêt à se poser pour le reste de la soirée à présent. Un peu curieux de l'histoire qui se cache, derrière cet instant. Voudrait savoir, le pourquoi, comment, les véritables intentions ou non. Mais finalement, le gars semble vraiment être juste dans une envie de remercier le vieux ; et si Ethan n'était pas cynique, il pourrait y voir une lueur d'espoir dans ce bas-monde... Mais il l'est, alors l'est juste curieux de l'histoire et point barre. Alors il écoute l'histoire et soudain, lui semble trop humain... Mais parce que Roland l'est, pourrait-il brosser un autre portrait de l'histoire, pour éviter qu'on le repère ? Vrai qu'Ethan, de prime abord, fait humain aussi, sans sa LED.

Pour le boulot.

"Roland, ouais. Tu te souviens bien." Qu'il glisse au passage, amusé de le voir capter que là, à se remémorer l'histoire - au moins le vieux détective avait finalement laissé son prénom au passage. "Ok, ok. J'lui dirais de t'écrire, à l'occasion." Qu'il commente, simplement. Sans jugements de prime abord (toujours pas sûr de la véracité de l'histoire après tout) et parce qu'ils en voient de toute manière trop, des histoires, pour se permettre encore de juger.

Et cette fois, c'est à son tour de manipuler l'histoire. "Hm... Bien six ans, au moins ?" Rajoute une année à sa mise en service, depuis qu'il a retiré la LED. Juste pour se protéger, juste pour chasser les curieux. "Ca commence à dater." Force est de le constater. Un regard sur sa bière quand elle est servie et la pogne qui vient bien assez vite l'entourer, pour prendre une première gorgée. Et sa carcasse a alors quelque chose de si humaine, quand il semble se détendre entièrement face à cette gorgée, qu'il replie les lèvres pour chasser la mousse dessus et continuer tranquillement ensuite. "Toujours aussi fraîche, ici." Et il pourrait en ronronner de plaisir, s'il en était capable.

Alors il se détend, ce bout de sourire posé sur le bord des lèvres. "Alors, c'est comment ton boulot ? Pas trop déprimant, à force ?" Ethan voit surtout du vivant fracassé par la vie ; parfois des cadavres, majoritairement en photo, quand on leur demande de l'aide sur ça et qu'on leur file le dossier pour constater l'horreur - Ethan dirait bien que c'en est toujours, même quand le corps est beau. "Tu m'diras, au moins, t'as la paix avec les morts." Dit avec tout le pragmatisme dont il est capable.

Et le pire étant qu'il le pense réellement.

C'est étrange, la vie. L'instant d'avant, il était à l'aise, rassuré en un sens, détendu même. Mais les épaules de l'androïde se voutent un peu, dès lors que ce dernier comprend que ce n'était pas un moyen de cacher sa nature, que d'être flou. Parce qu'il n'y a rien à cacher, que c'est un humain à ses côtés et que dès lors, Ethan se sent un peu en danger, un peu sur la défensive. Pas tant sa faute à Harlan, qui ne présente de prime abord aucun danger immédiat, si ce n'est son existence, la force des mots qu'il pourrait asséner - on ne sait quel est leur avis, aux humains.

Et ils ont tendance à plus souvent frapper qu'aimer.

Sous la dent, la langue qu'il doit pincer pour éviter au venin de couler jusqu'à l'autre. "En même temps, c'était y'a treize ans du coup." Comment était le monde, à cette époque ? Imaginaient-ils les androïdes ? Les IAs existaient déjà, sans les mêmes corps - le monde réclamait-il vraiment leur existence ? Autour de la bière, les doigts se sont crispés, mais Ethan doit faire genre de rien - les humains dans son genre, dans ce pays, ne vivent pas d'avec une peur intrinsèque dans l'estomac.

Mais il n'est pas humain, bordel !
(Et ne veut pas être déviant.)

Doit redevenir plus léger - respirer. "Tout récent, qu'il me dit... Bien une phrase de jeune, ça." Secoue la tête, mais avec le bord des lèvres soulevés, comme si ce n'était réellement qu'une taquinerie d'un vieil homme. Mais Ethan voudrait lui cracher bien d'autres vérités à la tronche plutôt, lui susurrer que c'est énorme six ans quand on les passent à voir le dégueulasse de l'humain, à subir leur hypocrisie, leur dégoût, leur colère, haine, peine, terreur, etc.

Mais ils peuvent peut-être se comprendre sur ça.

Et parce que la bière est bonne, fraîche, il parvient à retrouver un peu de détente, à se dire qu'il pourrait être plus ou moins naturel - pas assez pour s'ouvrir néanmoins. Mais il reste curieux, veut l'entendre parler de son boulot. Et l'écoute dans ce silence qu'est trop souvent le sien, parfois gênant, souvent conquérant ; juste curieux, à cet instant. Jusqu'au coeur écrasé par la mention par les enfants (il hait les humains) et acquiesce solennellement, face à cette brève mention, la gueule soudain plus refermée - juste pensif - et manque presque le moment où on lui rend la parole... Comme un humain pourrait le faire ; ne l'avouera jamais. "On fait avec." Hausse les épaules, sur lesquels le poids de sa veste pèse un peu plus encore.

Alors, il se décide à la retirer pour mieux la poser en travers d'une de ses jambes, juste pour se sentir moins étouffé par celle-ci - sans percuter qu'il le l'avait jamais fait avant l'accident. Ainsi débarrassé, il reprend une gorgée et garde cette fois dans sa pogne la bière, laisse ses doigts se tremper face à l'humidité qui commence à transpirer du verre - sans jamais rendre molle ces empreintes. "Y'a des jours où j'déteste le genre humain." Qu'il avoue, franchement ; mû à la fois de cette honnêteté crasse qu'est la sienne, et simplement aussi parce que ça semble si logique. "Et pi d'autres où on est heureux de faire ce boulot." Quand ça se termine bien, quand la gamine qui avait fuguée a été retrouvée sans blessure ni traumatisme, quand ça remercie d'avec la morve au nez et le sourire béat. "Mais moi, j'réfléchis jamais à qui j'ai en face." Et à son tour de laisser fuser un trait de rire baignant entre l'amer et le pragmatisme. Simplement qu'il faut parfois juste éviter, pour rester concentré, pour pas perdre de vue parfois ce regard froid sur l'ensemble et éviter les mauvaises interprétations.

Fausse inspiration plus appuyée prise, naturellement, avant de faire une moue qui chasse tout le reste des micros expressions qu'il avait encore sur la gueule ; son regard d'acier revient se poser sur le visage de l'autre. "Ca se sent qu'on a des squelettes dans le placard." C'est dit sans trop de jugement - juste un constat des choses. "Laissons-les là pour la soirée. Ils reviendront bien assez vite nous faire chier." Décroche finalement sa pogne du verre pour venir la secouer dans l'air, comme pour balayer le sujet qui avait été abordé - et laisser les enfants au mieux en paix. "Parle moi de toi. Tes passions inavoués, ce genre de conneries." Semble l'étudier un instant. "Genre j'sais pas, j'te vois bien aimer nourrir les canards et avoir tes préférés dans le lot." Jugement de valeur, ou juste moyen de redémarrer la conversation sur une boutade ?

À Harlan de juger, sans doute.

La cinquantaine ; vrai que c'était ce qu'avait choisi Roland, pour qu'ils forment un duo qui semble avoir beaucoup de bouteille ; et qu'avec l'âge supposé d'un des deux détectives s'appuie l'autorité naturelle dont ils ont parfois dans ce boulot. Ethan n'avait pas été prévu pour être le discret - mais il a l'impression, désormais seul, que ça lui pose parfois problème dans ce boulot, les client·es ayant moins tendance à se confier à l'imposante carrure et la gueule patibulaire qu'est la sienne... Ouais, y'a pas à dire, Roland lui manque. "À peine... T'es bien l'premier à m'dire ça." Et ça le fait se marrer, tentant d'évaluer l'âge du gars ; la trentaine passée, mais pas forcément tassée non plus encore. "Mais ouais. Et toi ? Trente, trente cinq ?" Estime que c'est dans ces eaux-là, parce qu'il a aussi eu cet indice d'il y a treize ans... Et estime peut-être à tord qu'un gamin mineur n'aurait pas pris le numéro d'un vieux gars - du moins il l'espère bien. Au pire, il le vieillit un peu, mais s'en voudra pas outre mesure en toute franchise.

Et puis la discussion continue, dérive ; et Ethan ne fait pas attention à la manière dont il parle, ce fameux "genre humain" qu'il a tant entendu de la bouche de Roland, quand ce dernier était à le détester un peu suite à l'énième affaire de trop qui lui donnait envie d'arrêter avant de finalement continuer dès le lendemain, remis malheureusement sur pied par l'alcool et la culpabilité d'arrêter alors qu'on avait besoin de lui ; d'eux. Alors Ethan a imprimé ce langage, l'associant pas forcément à une manière de parler d'un androïde - parce qu'au pire, il en a aussi des choses à dire sur ses congénères ! Parce que les cons qui se mettent à imiter les hommes sur le pire, franchement ? Voudrait leur péter le câblage parce que franchement y'en a pas besoin ; mais faut faire avec, apparemment.

Et puis, Harlan a ce discours qu'en dit très long ; les fantômes ; et le démon qui hante ses pensées ferait sans doute mal au coeur à quiconque aurait plus d'empathie... Malheureusement, il s'agit d'Ethan ; et pas encore attaché à l'humain, il peut qu'opiner ; toutefois sans chercher à railler l'homme, juste... Qu'il a pas grand-chose à lui dire, pas envie de le rassurer - rien de plus saoulant qu'un inconnu qui tente de vous rassurer sur un mal être bien trop profond pour qu'il parvienne à quoi que ce soit. "J'comprends mieux pourquoi Roland t'avais refilé son numéro." Sourit un peu en coin. "L'a un faible pour les bons gars." Qu'il se contente de dire ; ne songeant pas un seul instant à lui-même en le disant, parce que se jeter des fleurs n'est pas dans son programme - ni même dans sa nouvelle nature - et il ne songe même pas au fait que ça pourrait prêter peut-être à confusion.

Les démons retournent pour l'heure dans l'ombre ; parce qu'à trop les exposer, parfois, ils prennent plus de force qu'avant ; Ethan voudrait pas qu'Harlan se morfonde en ressortant de cette rencontre - serait-ce un peu d'empathie ? Comme pour la camoufler, il le dit avec peu de délicatesse ; tout à son image, comme toujours. Et l'a un peu envie de mieux cerner le bonhomme à ses côtés. "Ah ouais ?" Au sujet de la bouffe. "Quand tu veux pour nous faire à bouffer au bureau. Roland est chiant, il aime rien." Cette pointe de sourire dans la voix laisse entendre que ce n'est pas forcément vrai ; que c'est râler pour râler.

Et peut-être aussi une porte ouverte pour l'inviter à croiser celui pour qui il avait réellement écrit.

Mais la réponse d'Harlan l'amuse un peu. "Ouais. Nan. J'sais pas." Hausse les épaules, rempli de franchise. "Y'avait pas de bonne ou d'mauvaise réponse." Déjà moins énigmatique ; déjà plus humain. Parce qu'il aurait pu répondre n'importe quoi, qu'il aimait les canards en plastique et prendre des bains remplies de mousse que ça aurait été la même - quoique ?

Ses passions à lui, qu'est-ce qu'elles vont dire à Harlan ? "Les plantes." Débute, avant de terminer sa bière, enfin ; vient à passer son pouce sur ses lèvres ensuite, pour chasser le brin de mousse qu'aurait pu se déposer par là. "J'adore m'occuper d'plantes." Ethan n'est pas sans savoir que c'est la faute au codage, ça ; que c'est Roland qui l'avait demandé à sa conception, parce que lui n'avait pas la main verte et qu'il avait la flemme de s'occuper des fleurs qu'on pouvait leur offrir pour les remercier de leur travail. Mais... C'était là, ancré en Ethan ; et malgré tout ce qu'il pourrait en dire, tout ce qu'il pourrait vouloir justifier, ça lui plaît de le faire.

Ca l'apaise.

"J'te raconte pas l'nombre d'orchidées qu'on a, au bureau." Balaye d'une main l'air, dans un vague si geste qu'on ne sait pas bien ce qu'il pourrait signifier ; peut-être voulait-il dessiner ainsi la jungle colorée qu'est la leur, qui plaît à Ethan. "Et puis, j'pourrais barboter dans l'eau pendant des heures." Un lac et c'est un "homme" heureux ; mais ça, ils ont peu eu l'occasion de le constater, depuis l'accident. "En ce moment, j'rêve d'un week-end dans un chalet, coupé du monde." C'est dit avec un tel naturel que ça ne peut être inventé ; et Ethan ne s'en rend même pas compte, révélant réellement ça avec franchise. "Plus avoir d'nouvelles du monde, juste pour 48h... Point bonus si y'a un potager." Il avait eu vouloir laisser les squelettes au placard, les voici à toquer de nouveau ; parce que c'est forcément pour fuir le macabre qu'il se prend à vouloir de ça, de cet intermède dans le quotidien pour juste... Tester la pêche - alors qu'il n'en a pas besoin - et boire une bière, les pieds dans l'eau et enfin faire le vide dans sa tête.

Se tourne dans un léger grincement de tabouret vers Harlan, s'accoudant au comptoir au passage. "Alors, j'fais toujours "à peine" la cinquantaine ?" Qu'il demande, dans un sourire railleur ; comme si se moquer de lui-même permettait de couper la chique à celleux qui voudrait le faire à sa place.