Dark Side of the Silver Spoon

quand le morveux rencontre papy

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Tu avais profité de la chance inouïe qui t'avait tendu les bras, telle une divinité répondant à l'appel de ta rébellion. Remington avait profité de la nouvelle mise à jour de CyberLife, et il était pour le moment ... dans l'incapacité de te retrouver. C'est que, ni une ni deux, tu avais sauté sur tes jambes et détalé comme un lapin de garenne. Vers la liberté. Tu avais traîné tes petites jambes en ville, appréciant l'air frais du crépuscule pendant que la nuit tombait. La vie n'avait-elle pas une saveur bien plus mirifique, quand tu n'étais pas suivi par ton chien de garde ? Assurément. Les néons vifs hurlent leurs marchandises - strip-club, restaurants en tout genre, tout est fait pour attirer l'oeil du chaland. Mais tu n'es pas n'importe qui. Bien peu pour toi, ces divertissements de la plèbe. Tes pieds vont et viennent sur le bitume, sans réelle obligation, sans but aucun. Simplement profiter de cette liberté nouvellement acquise t'es précieux. Tu ignores superbement quelques regards - après tout, tu es sûrement ce qu'il y a de plus noble et de plus élégant dans le coin, quoi de plus normal que tu attires l'attention.

Après avoir acheté un café à emporter que tu sirotes avec délectation, tu remarques du mouvement près d'une porte. Il ne s'agit pas d'une personne pénétrant chez elle, clé à la main. Plutôt d'un personnage étrange, penché sur la serrure. Ta curiosité et le besoin constant d'être au coeur des choses te poussent à t'approcher le plus discrètement possible. Hélas, tu n'es pas un ninja - quand bien même ton père t'as fait donner quelques enseignements des sports nobles, tels que l'équitation ou l'escrime. Tu bois une longue gorgée de café pendant que l'individu bourru à l'allure de sauvage lance son aboiement comme un roquet. Tu plisses les yeux, comme si tu hésitais à répondre à son questionnement, drapé dans ton arrogance et ta fierté. Comme si tu avais, toi, le droit d'être là. L'inconnu essaye de camoufler ses trifouillages, et un sourire flotte sur tes lèvres - railleur, mauvais, promettant des ennuis en perspective. Pour lui, pas pour toi. Les ennuis ne t'arrivent pas, tu arrives aux gens, la nuance est là. Tu es le sale gosse, moitié gremlins moitié diable de tazmanie, qui se rue dans la violence verbale et fait fermer moults clapets autour de lui - soyons honnête, la bêtise crasse des humains avait souvent besoin de ton éclairage pour être guidée. Que feraient ces gens, sans toi pour leur faire comprendre - sèchement, désagréablement, mais l'on a rien sans rien - combien ils sont inspire ?

On a oublié ses clés pendant les vacances ? que tu grinces enfin, ton cynique, en approchant d'un pas, une main dans la poche de ton coûteux costume, l'autre tenant nonchalamment un gobelet de café hors de prix. Si j'étais de nature suspicieuse, je vous soupçonnerai de vouloir dévaliser bijoux et dentier d'une quelconque sénile antique citoyenne pour payer votre loyer. Les temps sont si durs pour les vagabonds déguenillés, grand-père ? Tu n'as jamais eu ta langue dans ta poche. Ni le moindre soupçon de tendresse envers quiconque. Tu ne vas pas démarrer maintenant. Non pas que ça m'intéresse, en réalité. L'air hautain, de ne pas y toucher, comme si la situation t'important peu - mais tu sens un amusement certain. Tu tends l'index de ta main qui tient ton café et, avec un sourire de canaille, tu reprends : Oh, continuez, je ne désirais nullement vous interrompre dans votre activité. Timbre qui chuchote le contraire. Politesse marbrée de l'amusement comique, le sale gosse. Et puis, c'est lui qui a commencé, en insinuant que, vu l'heure tardive, tu devrais être chez toi au chaud. Tu pouvais parfaitement t'occuper de toi - enfin, plutôt, t'occuper de ce qui n'était pas tes affaires mais qui ressemblait fortement à un dîner spectacle sans les immondes hot-dogs servis dans ces endroits crasseurs. Juste le spectacle, ça te suffisait. Avec une expression altière qui était déplacée vu l'endroit où vous vous trouviez, tu bois une nouvelle gorgée de café sans le quitter des yeux. T'as l'impression d'entendre le bruit étouffé d'un aboiement - sûrement un cabot dans les environs qui a senti un écureuil ou flatulé trop fort.

(c) oxymort

Dark Side of the Silver Spoon

quand le morveux rencontre papy

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TW. mention de sexualité.


Tu observes calmement l'énergumène. Le poil broussailleux, sombre, l'oeil dédaigneux, un vil cabot aux pattes sales, sans doute aucun. Ses mimiques t'amusent. Et tant qu'il te divertira assez, tu risques de lui coller au basques, ne serait-ce que pour avoir le plaisir d'être là s'il lui arrive des ennuis. Non pas pour l'aider tel un bon samaritain, mais pour profiter de la vue. Tu connais quelques avocats et professeurs qui ne seraient nullement approbateur de ton comportement, mais ce n'est pas comme si tu te souciais du jugement des autres. Un peu costaud, pour une fée des dents. Tu as dû te tromper de costume, le vieux, et oublier ton tutu là où tu as égaré tes bonnes manières. Néanmoins, je vais faire montrer d'indulgence : attention aux doigts, ça peut croquer et claquer des crocs, un morveux tu lances, la voix venimeuse. Morveux, toi ? Quel âge croit-il que tu as ? Huit ans ? Te voilà tout hérissé d'égo bafouillé, de fierté bafouée. Pour un peu, tu montrerais tes quenottes en un sourire prêt à mordre. C'est qu'il n'abandonne pas, l'affreux vieillard, enfonçant le clou là où tu es sensiblement chatouilleux. Tes paupières se plissent, maussade, minois grognon d'enfant mécontent. Amusant, que l'on discute d'un quelconque couvre-feu, il me semblait que les maisons de retraite n'offraient pas de soirée tricot-cambriolage, tu devrais sans doute aller reposer ta grande carcasse séculaire. A ton tour d'aboyer, mais tu es plus grondant, les lippes tordues en un rictus mauvais, le regard soupçonneux. Tu pourrais le faire chanter - dans tous les sens du termes, il suffirait d'appuyer sur le bouton rouge à tête de mort, levier de chantage : police. Une simple menace, et il risquerait gros.

Tes yeux se lèvent au ciel dans une mimique blasée. Qui vire rapidement au dégoût sincère, quand il fait mention d'émois charnels et de possibles relations qui font monter en toi l'écoeurement pour le genre humain tout entier. Ta trogne pourrait hurler : ew, un contact avec autrui ? jamais.  Tu sembles bien calé dans ce genre de vulgarité plébéienne. Non, merci, sans façon. Ce que tu appelles émois et frissons, j'appelle cela nausée et répulsion. Tu indiques d'un geste élégant de ta main libre la bicoque avec un sourire mordant. C'est donc cela. N'ayant aucune pâture à couvrir de tes délicats propos, tu viens hanter les quartiers à le recherche d'une dame assez âgée pour voir en tes cheveux blancs le summum de l'érotisme ? Tu mimes une moue dégoûtée. Mais ton attention est portée ailleurs - de toute évidence, l'énergumène a réussi à ouvrir la porte. Fée, peut-être, mais seulement des doigts. Tu avances d'un pas, restant néanmoins en retrait derrière lui, mais de façon à voir à l'intérieur. C'est alors que deux fauves bondissent dans un concert d'aboiements. L'un d'eux entre en collision avec le grand-père, l'autre dérape sur le sol et galope dans ta direction. Merde et tu tentes d'esquiver la gueule bavante qui ne parvient qu'à crocher ton costume, arrachant un morceau de précieux tissu. Tu tournes un doigt rageur vers l'intéressé, qui retombé sur ses pattes, s'accroupit pour un nouvel assaut. J'adorais ce costume. Tu viens pénétrer en douce dans une maison sans savoir qu'il y a des chiens ? T'es quel genre de cambrioleur amateur ? Tu batailles contre la bête - et tu dois te rendre à l'évidence que tu dois être passablement ridicule. C'est un corgi, tout pelucheux et aux oreilles de yoda, mais la bestiole en a après tes mollets et tu grognes comme un beau diable pour te dépêtrer de ses petites canines qui te mordillent. En terme de menace, tu as vu pire - mais, sans élégance, tu sautilles et bouges les jambes pour faire lâcher la sale bête. Le sort réservé au vieillard t'importe guère, mais tu lui cries tout de même, avec cynisme : Tu me dois un costume, papy. Pas sûr que t'aies les moyens, va falloir être plus efficace comme bandit de petit chemin. L'imposante (non) créature finit par lâcher ton mollet, laissant quelques trous dans le tissu qui te font soupirer, puis s'éloigne dans le jardin en dandinnant son fessier dodu. Ton café, renversé dans la bataille, est un gâchis sans nom. Tu tournes une mine dépitée vers le Robin des Bois du dimanche, en espérant presque qu'il se soit fait dévorer. Au moins, ça compenserait un peu la perte de ce si coûteur costume en lin égyptien.

(c) oxymort